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Corniches Paretti

CORNICHES PARETTI /CORNICHE AERIENNE/CHEMINEE DU CAF

 

Participants : Alain, Andrée, Dominique, Gaston, Marie, Maurice, Raymond et Rita.

Rien de notre argumentaire n’a pu convaincre Chantal de se rallier à notre projet d’accés au cirque du Devenson via les corniches Paretti. Insomnies, cauchemars l’ont contrainte à rendre les armes au profit d’une sortie proposée par Noëlle, et mise en œuvre par Guy ou peut être Robert ! Comment peut on nous préférer Guy ! ( que notre ami me pardonne ce jugement de valeur que me permet une longue amitié). Telles les voies du Seigneur, les arcanes de l’âme féminine nous resteront à tout jamais obscures et impénétrables. C’est donc sans Chantal mais avec le brillant concours de plusieurs dames , Andrée, Dominique, Marie et Rita ( pour une fois à parité avec les mâles ,comme le prévoit la loi) que nous rééditons cette vieille classique des AN , pratiquée à maintes reprises avec couples et enfants , sans que cela nous ait laissé le moindre souvenir de difficulté !
Si fan vieux ! A 9 h 30 , chargés d’un minimum de matériel technique, nous quittons le parking de Luminy déjà presque plein , pour nous diriger vers le col de Sugiton en perspective de passages d’anthologie , clés d’accès au Val Vierge et au cirque du Devenson. Ainsi vont se succéder : - Le pas de l’œil de Verre ( ancien pas du Rocher Club). - Les corniches du Devenson et les Corniches Paretti. - La Corniche Aérienne et le couloir des Cinq Hurluberlus. - La cheminée du CAF et le Val Vierge. La longue descente vers le pied de la Candelle est un enchantement ; la nature apprêtée à revêtu ses plus beaux atours ; elle nous offre à profusion les contrastes de son éblouissante roche blanche avec les frondaisons ici persistantes des conifères et des arbrisseaux de garrigues odoriférante qui se nuent au bleu/vert de la mer dont les eaux si claires me font estimer une température peu propice au bain ; du moins pour ce qui me concerne. Sous les contreforts du Socle de la Candelle nous défilons le regard levé vers la Civa, La Temple ; voies liées à la religiosité hindoue permettant d’accéder au plus vite au Nirvana ! Suivent Les Tours, les Dalles grises, les Hommes Volants et pointée dans le cou du ciel, l’aiguille du Devenson.
Pour éviter toute perte de temps, ( précieux comme nous l’allons montrer tout à l’heure), nous renonçons à la descente vers les dalles de La Lèque , pour nous propulser vers la calanque de Saint Jean de Dieu et attaquer la rude remontée vers le Pas de l’œil de Verre dominé par le Val Vierge et la colossale dent creuse de la Concave lieu privilégié des exploits du « Grec » ! Cheminée du Diable et Pas de l’œil de Verre : Les investigations des grimpeurs ne s'arrêtèrent pas aux premières conquêtes sur la Grande Candelle. Ils remarquèrent aussi ses abords splendides et abrupts et résolurent de conquérir ce "Royaume de la Verticale' comme ils se plaisaient à l'appeler. Au bas des dernières pentes (versant Est) du Col de la Grande Candelle, ils découvrirent une longue cheminée qui leur permit de descendre dans un vaste cirque dominé par d'impressionnantes murailles de rocher. En 1899, ils explorèrent ce cirque mais la végétation y était tellement abondante qu'ils éprouvèrent les plus grandes difficultés à s'y frayer un passage. De vieux troncs pourrissaient sous l'envahissement des chèvrefeuilles, lentisques et bruyères et l'enchevêtrement des lianes, ronces, arbustes et pins était tel que spontanément ils donnèrent à cet endroit le nom de Grand Val Vierge amplement justifié. Cependant la communication du Grand Val Vierge avec la mer (Calanque de ,Saint?Jean?de?Dieu) était bien défendue par une haute barre de rocher surplombant elle-même de belles pentes d'éboulis inclinées à 50 degrés. Presque immédiatement après, on entreprit d'y rechercher un passage. Les membres du Rocher?Club de Provence, particulièrement, s'employèrent à cette tache. Plusieurs tentatives furent faites à divers endroits et le 8 avril 1900, pour le Dimanche des Rameaux, MM. Abdou, Bondit, Pascal, Lyon forçaient le passage qui en leur honneur fut appelé "Pas du Rocher?Club". Quelques années plus tard, des grimpeurs descendant ledit passage furent tout surpris de remarquer dans le rocher un oeil en verre, énorme, qui semblait les regarder ironiquement. On pourrait supposer que cette particularité a fait donner le nom d'Oeil?de?Verre à la petite calanque sauvage qui s'abrite au pied de ses falaises et qui avait déjà celui de Saint Jean?de?Dieu.
Il n'en est rien. Sans qu'on pût savoir au juste pour quelle raison, ni par qui, cette calanque fut un jour nommée Calanque de l'OEil?de?Verre, et cette appellation nouvelle et incompréhensible prévalut si bien sur celle qu'elle avait eue jusqu'à ce jour, qu'elle la supplanta presque complètement. Quelques membres de la société des Excursionnistes Marseillais entendant sans cesse ce nom bizarre et imprévu que rien ne justifiait, résolurent de lui donner une raison d'être par quelque geste humoristique. Au cours d'une excursion, ils découvrirentpar hasard une lanterne à demi détruite mais dont la lentille était encore en bon état. Cette trouvaille leur fournit les éléments de la plaisanterie qu'ils méditaient, La lentille, camouflée par une peinture habile et quelques clous de respectable dimension fut transformée en mil énorme que l'on décida de fixer au passage le plus en vue. L'un de ces excursionnistes, M. Auguste Baptiste, fit plusieurs voyages dans le Grand Val Vierge'pour y apporter des bouteilles d'eau et du ciment et un beau jour, le 13 novembre 1904, un groupe de 73 personnes procédait à l'installation de cet oeil de verre placé au Pas du Rocher?Club ce qui ne manqua pas d'intriguer ceux qui, avec ou sans corde, franchissent le passage sous son ironique et large regard. Le passage de l’œil de Verre, nouvellement aménagé est franchi allégrement et nous pouvons , au gré des éboulis, regagner le tracé vert qui s’enfuit à l’est sur les Corniches du Devenson. Un bon sentier domine la mer pour atteindre une piste plus étroite au dessus de l’Anse des Enfers. Près de là, nous franchissons le Grand Couloir qui s’enfuit jusqu’à la mer . Nous y rencontrons un jeune couple qui sort de la première partie du « Festin de Satan » ; une des voies les plus longues et des plus soutenues des Calanques. Plus loin encore, nous traversons au pied du Petit Couloir où nous croisons le tracé Brun issu du Col du Devenson. Au dessus de nos têtes, les oreilles de lapin coiffent la Baume du Devenson où nous ferons escale cet après midi. Dès l’aiguille du Devenson franchie, le sentier devient plus délicat, plus aérien et s’agrémente de passages rocheux exposés : nous nous engageons sur les Corniches Paretti ! Les « corniches Paretti » La calanque du Devenson n'avait jamais encore été atteinte par la terre, le seul accès qu'on lui connaissait était maritime et visité par des pêcheurs exclusivement. Le Devenson n'a pas livré ses secrets sans mal: c'est après maintes péripéties que le sol de la calanque est enfin foulé. Le premier en 1914, Marius Paretti se lança dans ces falaises inconnues et, en suivant une corniche qui, depuis 1921, porte son nom, il atteignit le Cap Devenson qui ferme à l'ouest une anse grandiose au pied même d'impressionnants à?pics. Avec prudence, nous cheminons sur d’étroites vires, franchissons divers ressauts et promontoires rocheux, dominant les miroitements d’anses où le ressac vient faiblement mourir : Chantal doit elle regretter son absence ? Alain en est de moins en moins certain ! Au dessus de l’Anse de La baume, le sentier s’écarte de la mer et remonte de petites terrasses au milieu des pins. En légère descente, nous contournons les Baumes de la Kaboulite pour atteindre l’éperon de la Grande Arête du Devenson où pas moins de quatre cordées font la queue : risque évident pour les derniers d’une rentrée tardive et nocturne au bercail ( ce qui ne saurait nous arriver à nous modestes randonneurs !). Enfin, nous pouvons descendre la pente abrupte qui nous découvre l’impressionnant cirque du Devenson défendu de toutes parts par des parois verticales de plus de 230 m ! Face à nous, l’Arête du Baou Rouge , la Tour Save ( encore le Baron !), se déclinent en de vertigineuses verticales plongeant vers les surplombs de la Coryphéne, accessibles aux seuls grimpeurs « deonovo » ! Plus à l’est, s’échelonnent la paroi de la « Bonne Femme » , l’Aiguille et les piliers de l’Eissadon, l’Oule, Castelviel et les falaises Soubeyrannes et leur finistère du Bec de l’Aigle. Il est 12 H 30 et il est temps de déjeuner. Dans un chaos de gros blocs sur la grève nous recherchons l’ombre. Le clapot des vagues va rythmer un instant l’action des mandibules sur de trop maigres casse croûtes. Divers canoë kayaks se sont réfugiés ça et là et nous avons la visite de plusieurs « promène couillons » au demeurant un peu bruyants. Il me faut interrompre la sieste de Rita prévoyant que comme à l’accoutumée elle va devoir minutieusement rechercher un lieu propice à quelque miction discrète . Il faut laisser le temps au temps , mais point trop car si le beau ne menace pas l’heure passe et… Nous abandonnons la tranquille calanque à sa solitude pour revenir vers la Grande arête et, à la jonction du tracé noir de la Corniche aérienne , nous enfilons baudriers et casques , dominés par les contreforts de la Grande Baume. Corniche aérienne : C’est le 2 janvier 1921 qu’Edmond Bellanger, Albert Faures, Henri Imoucha, Raoul Barbier et Louis Félix, descendant de difficiles cheminées arrivent à la Baume du Devenson.Ils ouvrent ce jour là le couloir des Cinq hurluberlus après avoir franchi le « pas du CC » ( Climber’s Club : groupe d’escaladeurs Marseillais). Par un itinéraire complètement différent des Corniches Paretti, ils s'engageaient sur des pentes raides, croulantes, auxquelles ne tardèrent pas à succéder de vertigineuses murailles faites d'un rocher désagrégé et pourri. L'une d'elles est particulièrement dangereuse, suspendue à près de cent mètres au?dessus de la mer, qu'elle domine presque verticalement; elle se défend par des prises sans solidité, enchâssées dans la terre : c'est la Corniche Aérienne. Mais cet obstacle ne les arrêta pas, et ils arrivèrent au dessus de la Plage dite du Devenson. Le 13 février, MM. Félix, Faures et Imoucha parachevant cette conquête, atteignaient enfin le rivage. Imoucha et ses compagnons ont ouvert la porte d'un royaume d'une beauté et d'une sauvagerie uniques qui n'a cessé de stimuler le sens de l'aventure des grimpeurs. Le leader charismatique des "hurluberlus", Henri Imoucha est né avec le siècle; il prolongera sa vie de grimpeur par une vie associative consacrée à la défense des Calanques et surtout de la Sainte?Victoire. Marc Roussel lui rendra un vibrant hommage. Contre la paroi nous nous encordons pour rejoindre une petite niche au pied d’un pin , par une traversée en rocher très très délité ; seules les racines du pin constituent les prises les plus rassurantes dont nous disposons. Une deuxième longueur nous conduit au dessus du pin à un relais où foisonnent un enchevêtrement de sangles blanchies et brûlées par le soleil. Qu’importe nous disposons de bons vieux pitons ! Une nouvelle traversée descendante nous amène au pied d’un petit mur au haut duquel est scellé la queue de cochon du rappel de descente. Lentement, très lentement , nous nous y regroupons pour enfin remonter les pentes croulantes qui mènent à la Baume du Devenson. Sa visite est organisée mais à ma grande déception, la boite contenant le livre d’or et les différents témoignages des séjours en ce lieu de nombreuses personnalités sur plus d’un demi siècle , a disparu. Notre soif toute archéologique ne sera donc pas étanchée . Renonçant à emprunter le couloir des « Cinq hurluberlus » , nous franchissons l’éperon gauche de la Baume pour escalader d’une manière peu orthodoxe le « couloir des AN » qui rejoint le tracé noir qui mène au col du Devenson. Ainsi je renonce bêtement à utiliser les trois premiers disponibles pour former une cordée ininterrompue , en chenille processionnaire qui constitue mon seul moyen de maîtriser la sécurité du groupe dans un passage non équipé ; mais quelle perte de temps, temps si précieux malgré des conditions météorologiques idéales : grand beau soleil et petite brise fraîche qui fait regretter à Maurice de s’être fourvoyé en notre compagnie alors qu’il aurait fait si bon naviguer là au dessous ! Dominique sort du passage les genoux ensanglantés mais le moral toujours au beau fixe. Du haut du sentier, ces Dames et peut être aussi quelques Messieurs , contemplent l’habilité avec laquelle Alain et moi , hissons leurs petits camarades, lovons les cordes, rangeons le matériel : un bien beau spectacle offert par des artisans au sommet de leur art ( mais qui donc m’a foutu des seconds oubliant tout devoir dû aux guides : déliquescence des mœurs ; nous en reparlerons). Péniblement le col du Devenson est atteint puis nous enchaînons la montée vers les crêtes où Marie et Raymond trouvent un appareil photo numérique abandonné.(Peut être avec les photos retrouverons nous les propriétaires ?). A l’approche du col des Charbonniers il est temps de faire le point et d’opter pour un des trois itinéraires qui nous sont offerts : - Remonter vers le col de la Candelle et enchaîner les Treize Contours. - Remonter vers le col de la Candelle et redescendre le couloir du Candelon dans une probable obscurité. - Descendre la cheminée du CAF et reprendre à rebours notre itinéraire du matin. Compte tenu de l’heure tardive nous optons pour cette dernière solution , sachant que de toute façon nous ne pourrons rejoindre les voitures avant la nuit noire. Cheminée du CAF Jusqu'en 1910, le Grand Couloir du Devenson fut, avec la cheminée du Diable, le seul passage permettant de descendre directement des crêtes dans le Grand Val Vierge.

La Cheminée, bien que dite "du Diable", n'offre aucune terrifiante difficulté. Vers cette époque, les grimpeurs s'inquiétèrent d'y suppléer un autre passage. Leurs recherches se portèrent sur la paroi opposée à celle où court la Cheminée du Diable, dans la muraille même qui tombe des premiers escarpements du Devenson. Vers son origine, la falaise est coupée par une cheminée de 70 à 80 mètres de hauteur. Elle fut plusieurs fois examinée, et le 17 avril 1910, MM. Jean Simon, Periot, Benet et Amblard s'y engageaient et étaient assez heureux pour la gravir entièrement et découvrir même, en son extrémité supérieure une variante plus difficile encore. Ce nouveau passage fut appelé depuis Cheminée du CAF. Du col des Charbonniers, je descends rapidement équiper le premier passage qui n’est plus doté de chaînes depuis son rééquipement. Nous franchirons donc ce premier ressaut en rappel. La deuxième partie qui se désescalade habituellement sans protection particulière ; aisée à la montée , elle peut présenter un réel danger à la descente surtout pour des troupes fatiguées. Avec Alain, nous bricolons un relais précaire sur lequel nos collègues dotés d’un frein « Machard » vont pouvoir regagner le sentier en relative confiance. Après cette nouvelle perte de temps , décuplée par huit oserais je dire ; nous pouvons nous précipiter dans le Val Vierge . Sous la grande Arête de Cassis, là bas, à l’horizon , le disque rouge du soleil se prépare à sombrer dans une mer indigo : aurons nous la chance d’entrevoir ce très fameux « rayon vert » à moins que ce ne soit la silhouette du Canigou que nous traquons avec l’Association IRIS , depuis quelques semaines Raté ! Il nous faut fuir vers le Pas de l’œil de Verre et nous affranchir des dernières difficultés avant que nous ne sombrions définitivement dans l’obscurité. Nous voilà au crépuscule au dessus de la calanque de Saint Jean de Dieu et, dès le socle de la Candelle la nuit nous surprend. Euphémisme ; nous ne sommes pas surpris le moins du monde mais presque heureux d’être là, seuls dans cette nuit d ‘« été » encore chaude ; moment privilégié où les odeurs, les sons deviennent les repères essentiels, ou l’on se réfugie dans ses pensées,entouré de présences amies masquées par l’obscurité. Au dessous de nous, dans la calanque de Sugiton, contre le torpilleur, les voiliers au mouillage attendent la venue d’innocents calamars… C’est maintenant la longue remontée nocturne au dessus de la falaise des toits .
Rita et Dominique , en éclaireurs, s’interrogent à chaque changement de direction d’un sentier facétieux et manquent systématiquement les raccourcis empruntés ce matin, me découvrant avec surprise loin devant elles. Derrière, au gré de conversations ininterrompues , oscillent les faisceaux des lampes frontales. Le col est atteint et génère une petite pause : rien ne presse nous sommes en lieu sûr et les épouses inquiètes, rassurées par leur coup de fil peuvent tromper leur angoisse dans une salle de cinéma. Nous glissons maintenant vers le parking de Luminy et la civilisation. Là haut, sur notre droite, le blanc calcaire phosphorescent du Mont Puget se détache sur le ciel étoilé où déjà nous pouvons reconnaître les premières constellations. Nous nous extrayons avec regret de l’obscurité qui masque notre fatigue et aussi notre joie .
Il est sept heures ; voilà déjà 9 h 30 que nous sommes partis  .


Allez les jeunes ! GASTON

Les photos de Gaston   : 

http://anphotos.free.fr/albparetti04112007/

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